Les masques de l'action
Agir
Agir, c'est parfois construire
une forteresse autour de notre propre insignifiance, remparts de mots
et d'actes destinés à cacher un indicible et
insupportable néant, comme ces murs cache-misère
protégeant parfois les touristes argentés de la vue des
bidonvilles.
Être
Être est le seul verbe;
tous les autres ne sont jamais que des attributs du sujet : avoir,
faire, paraître, jouir, pleurer, etc. Il y a un verbe cependant
qui peut définir être: c'est aimer. Car l'être,
l'existant, vient de Dieu, et Dieu est amour, être est aimer,
aimer c'est être : tous les autres verbes prennent vie et sens
par l'amour.
Écrire
Quelle drôle
d'idée, écrire... Conserver précieusement une
émotion, vouloir la sauver de l'anéantissement, au fond
rien moins qu'empêcher la disparition de la vie. Quel orgueil
insaisissable s'y niche? Quel esprit collectionneur désire
encore... S'affranchir du temps, du monde, rêver le paradis
terrestre. Croire mieux et plus.
Forêt au printemps,
dévastée par la tempête, déshabillée
par l'hiver, vivante, éternelle. Sous un ciel transcendant, tant
d'enfance, tant de jours.
A toi l'inexistant
Tu as le droit d'être heureux, ici et maintenant, parce que tu es vivant et que tu crois.
Vie
Plus j'avance en âge et
plus j'ai de mal à comprendre la plupart de ces choses qui
ensemble ou séparément constituent une existence humaine.
Perte de réalité ou gain de réalisme? C’est
comme si la maladie du monde, à moins que ce ne soit seulement
la mienne, mais non, c'est bien celle du monde moderne, venait de cette
folie d’objectiver, de ce délire mathématique,
orphelin de toutes les transcendances passées, exigeant de
chaque instant qu'il se chosifie, afin que la vie se réduise en
permanence à un objet et non à un sujet, à ce qui
n'est pas de l'ordre de la conscience plutôt qu'à Celui
qui fait sens, c'est-à-dire, en réalité, à
rien plutôt qu'à tout.
Un des drames de l'existence est que nous préférons les malaises familiers aux bonheurs inconnus.
Mort
Je ne veux pas de la mort, ni pour autrui ni pour moi. J’ai mal à mes
morts, passés, présents et surtout à venir. Je
hais la mort, notre ennemie, mais je sais que je dois mourir pour être en vie.
Enfance
La
vraie vie nous vient de l’enfance. En elle ni gloire, ni pouvoir, ni
possession, que
du rêve-réalité, tout le temps, du paradis volé à l'enfer. Pas de
paraître, de faire-valoir ni de reconnaissance de ses pairs, juste
l’évidence de la vie. Pas de mort non plus, car rien de fini, ni trop
tard ni trop
tôt, ni plus tard ni plus jamais. Grandir, retrouver l'élan de l'enfance.
Illusion
Ici est la vie vécue
comme une illusion. Or, même si elle est faite d'un nombre assez
considérable d'illusions, même si tout n'est qu'illusion,
si le réel lui-même est une illusion, il échappe en
vérité à toute mathématisation ou
chosification, il n'est pas dénué de vie, il est au
contraire tout entier tissé de la vie, vibrant de vie,
âmes vivantes issues de Dieu, dont l'origine, l'essence et la
destinée sont divines. Dieu, l'être divin
incréé, n'est pas la dernière illusion, mais
l'ultime et, en dernière analyse, seule et unique
réalité.
Croire
Croire signifie croire en la
véracité de l'amour : l'amour fonde la foi, la foi prouve
l'amour. Crois ce que tu aimes, aimes ce que tu crois. Et il faudrait ne pas croire ! Bande de super-héros de pacotille qui se
gonflent de la souffrance qu’ils s’infligent dans le seul but de pérenniser un
ego malade… J’en ai marre. Je veux vivre, j’en ai marre de la mort, elle ne me
quitte pas, je veux vivre, pas survivre, pas mort, pas rien, pas chose, humain,
vivant, quoi !
Regarder
S'intéresser
réellement à quelqu'un le rend immédiatement
meilleur. Ce n'est pas seulement parce qu'on commence à le
regarder avec l'œil de Dieu. Cela vient aussi de l'effet produit
par ce regard chez l'intéressé : il en existe mieux, il a
moins mal à l'être : il s'humanise.
Confiance
La trame même de la vie
est faite de confiance : nous avons besoin de faire confiance pour
vivre. Or, Dieu est le seul être digne d'une confiance absolue.
Nous avons donc un besoin vital de mettre notre confiance en lui.
Parler
La parole fait l’homme,
au commencement de l’homme était la Parole, car la vie des
animaux est soumise au silence de l’être et donc à
la mort, mais la vie de l’homme est soumise à son mensonge
et donc à sa mort.
Écrire
C’est la vie et non
l’intellect ou la beauté qui m’intéresse dans
les mots. C’est pourquoi je cherche la forme 'parfaite' : pour
anéantir celui qui dit, aussi : "je meurs, je meurs, mais je
demeure". Mais, bien sûr, même la forme parfaite d’un
être imparfait ne saurait anéantir ce ‘vivre sa
mort’ : car il faut mourir sa vie, il faut vivre et dire celui
qui est mort pour nous, Jésus, le Christ, le sauveur.
Aimer
L’amour humain nous
élève en ce qu’il nous fait désirer
l’autre au lieu de nous-mêmes. Nous sommes en paix dans ce
désir, puisque les autres nous survivent toujours. L’amour
de Dieu transcende nos amours humaines en ce qu’il nous fait
désirer celui qui survit à chacun et à tous. Il
est adorable mais notre désir d’homme, tout englué
de mensonge, a du mal à prendre son envol pour de telles
altitudes, car là-haut seuls les plus légers que soi
peuvent voler.
Nom
C’est à cette
condition que je peux prononcer Son Nom, sans le trahir ni le taire,
car sa gloire est inouïe : Yehowah. Yah Jéhovah.
Soit… Halelou-Yah!
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